DÉBUT octobre 2022, le site Politico, très suivi (comme son nom l’indique…) sur l’évolution de la politique américaine, publiait un sondage dans lequel 77% des sondés – électeurs potentiels des proches élections de mi-mandat (midterm elections) – faisaient de la criminalité violente un problème national majeur.
Et pour cause : de 2019 à 2021 le nombre d’homicides a explosé (+ 39% en deux ans), plus de 23 000 en 2021 – chiffres imprécis, on verra plus bas pourquoi ; vols violents de véhicules (car jacking), + ±12%. En même temps, la marée de migrants illégaux comptés à la frontière mexicaine par les Border Patrols, explose de + 377% (du 1/02/2021 au 31/08/2022). Les stupéfiants ? En 2021, le seul fentanyl (opioïde de synthèse) tuait ± 71 000 Américains (+ 23% sur 2020). Le DEA estimant que, sous Joe Biden, 12 tonnes de fentanyl ont été infiltrées aux États-Unis, de quoi fabriquer 5,6 milliards de doses potentiellement mortelles, pouvant provoquer assez de surdoses pour tuer 16 fois, en théorie, toute la population du pays.
Or dans ces inquiétantes circonstances – phénomène inouï dans un pays développé, a fortiori, une superpuissance – on apprend que l’État fédéral américain a perdu le contrôle de son outil de comptage des phénomènes criminels ; le FBI avouant piteusement, toujours en octobre 2022, que ses chiffres sur les évolutions criminelles de l’an 2021 sont de simples « estimations », si parcellaires qu’elles n’ont plus grand sens. Ces données tronquées ne permettant en tout cas pas d’éclairer l’électorat, avant une échéance électorale majeure.
Que signifie « statistiques tronquées » ? Soyons précis. Le comptage du crime aux États-Unis par le ministère de la Justice (dont le FBI est l’outil de terrain), s’opère par collecte des données qu’assemblent 18 806 Law Enforcement Agencies (services de sécurité publique, commissariats, etc.). Or déjà, c’est fort peu pour un pays de 336 millions d’habitants. Ainsi, en 2021, le FBI ne reçoit les données que de 124 des 593 « commissariats » de l’État de New York, 15 sur 740 (Californie), 328 sur 934 (Illinois).
Et dans certains cas, cela devient franchement grotesque : 2 sur 757 (Floride).
Ainsi, pour tous les États-Unis et en 2021, la collecte n’a porté que sur 11 794 « commissariats » (sur 18 806, comme déjà dit). Là-dedans – excusez du peu – New York, Los Angeles et Chicago, trois mégapoles d’ensemble 15 millions d’habitants, n’ont presque pas fourni de données. Et seule la moitié des law enforcement agencies ont fourni des données complètes, sur les 12 mois de l’année.
Pourquoi le désastre ?