Cela fait 28 ans (1979-2007) que des émeutes liées aux « violences urbaines » se produisent en France, sans que, durant ces presque trois décennies, nul gouvernement n’ait pu ou su les prévenir, ou y mettre un terme définitif.
Cette situation est unique en Europe et sidère absolument tous nos voisins. Le reste de l’Europe a bien sûr connu de telles échauffourées mais nulle part – nulle part ! – des « émotions populaires », comme le disait joliment le français classique, n’ont duré plus de quelques années avant de cesser pour de bon (voir plus loin le cas britannique). Jamais non plus, les gouvernements successifs de la France n’ont été prévenus d’émeutes qui, si elles partent à l’évidence d’un prétexte, sont tout sauf spontanées.
A chacune de ces « intifadas urbaines », nos gouvernants sont tombé des nues, malgré tous les systèmes d’information ou de renseignement dont, pourtant, ils disposent. Gouverner, c’est prévoir, dit dès le XIXe siècle le publiciste et journaliste Emile de Girardin. Or non seulement ces gouvernants n’ont rien prévu, mais même, ils semblent avoir une tendance un peu fâcheuse à la découverte a posteriori d’évidences pourtant aveuglantes depuis dix ans et plus.