Dans sa carrière, l’auteur a rencontré plus d’un terroriste clandestin, des Brigades rouges (BR) à l’ETA, à l’IRA, au Fatah-Conseil révolutionnaire d’Abou Nidal et à la Fraction armée rouge (RAF). (Note aux Fact-Checkers : qu’ils viennent me voir ! J’ai des choses à leur montrer).
Comme ceux qui vécurent l’épreuve, l’auteur sait que la vie cesse à l’orée de la clandestinité – pire, cent fois, que l’entrée au couvent. Dès lors, le clandestin passe 90% de son temps à survivre – et 10% à agir. Sa vie disparaît ; plus une minute pour rien d’autre – surtout pas, réfléchir. Dans le Beyrouth de la guerre civile, une clandestine de la RAF passait parfois chez l’auteur se doucher (plus agréable que dans un camp palestinien…). Que chantait-elle dans la salle de bain ? Les tubes à la mode à Berlin en 1969 – l’année de sa plongée dans la clandestinité. Depuis, plus un livre, plus de musique – 100% survie.
Pour le « clando », tout passant, tout bruit, menace. Le concierge sonne (une fuite d’eau) : votre coeur s’enraye. Du premier jour au dernier, un pas dans l’escalier à l’aube vous jette hors du lit. Ce, des mois, des années – des décennies pour Cesare Battesti.
Votre vie de bête traquée s’achève à votre capture. Là, dans le calme (relatif) de la cellule, le calme revient. Semaines, mois : la conscience émerge, vous revivez vos actes. Puis, une nuit, la futilité, l’horreur de tout ÇA, vous envahit. Le souvenir de vos victimes est là – et il vous taraude.