1 – Autorité de l’Etat, la descente aux enfers
2 – La JUSTICE en perdition
De commissariat en gendarmerie, de couloir de palais de justice en vestiaire de gardiens de prison, ce fut d’abord un sourd murmure. Mais depuis cet été, la rumeur enfle et devient le lourd grondement d’états-majors et de directions, comme celle de la Sécurité publique, dont les 66 000 fonctionnaires sont en première ligne dans les rues et les quartiers.
Ce qui émane du continuum français de la sécurité (police-justice pénitentiaire) et dont le gouvernement perçoit encore mal la gravité, c’est ceci : face aux malfaiteurs, émeutiers et trafiquants, l’autorité de l’Etat s’élime chaque jour un peu plus ; l’Etat risquant même d’y perdre la maîtrise de territoires entiers de la France métropolitaine. Depuis l’été en effet, les clignotants s’affolent :
– Vers le 14 juillet, la guérilla urbaine sévit autour de Paris et Lyon. A la Courneuve, « une médiathèque, l’école de la deuxième chance et un commerce sont incendiés » ; A Neuilly- Plaisance, le local de la police municipale est bombardé de cocktails-Molotov « par une centaine d’individus ». Ailleurs en Ile-de-France ou dans le Rhône, policiers et pompiers sont attirés dans des embuscades et ciblés par les tirs tendus de mortiers d’artifice.
– Au même moment, deux bombes explosent dans un site « Seveso » (activité industrielle dangereuse) de Berre l’Etang ; deux cuves s’embrasent, l’une pleine d’essence, l’autre de naphtaline. L’épaisse fumée noire se voit à 40 km.
– Peu auparavant, 180 détonateurs, dix pains de plastic et 40 grenades sont volés sur un site militaire de Miramas : un clair acte de guerre – là encore, silence-radio.
En première ligne face à tout cela, des policiers et gendarmes harcelés et épuisés.