Les criminologues ont pour boussole le Code pénal, qui réprime bien sûr le racisme en son sens original : décréter une race humaine supérieure, s’arroger le droit de dominer les autres. Or, préoccupant dérapage, ce racisme d’origine devient, à mesure où une société individualiste sombre dans le ressentiment personnel, le dépotoir de toutes les discriminations. Hier, pleuraient ainsi, en victimes exigeant justice, les porteurs de… taches de rousseur. Bientôt sans doute, les affligés de cors aux pieds empliront de leurs plaintes les « réseaux sociaux ».
Cela pourrait faire rire, mais est en fait dangereux, car tenant de la légende du berger qui criait « au loup ! ». Pour le meilleur et pour le pire, les Etats-Unis reflètent notre possible avenir – voyons donc ce qui s’y passe, rayon « racisme » et discriminations. Chaque jour désormais, en un constant affolement des médias et réseaux sociaux, l’opinion y est bousculée par des offenses aux bienséances du jour – dont nombre d’inventions d’esprits fragiles ou de cyniques profiteurs.
Acteur de séries télévisées, Jussie Smollett est métis et openly gay, (homosexuel avéré). En janvier passé, il dit subir une agression dans son quartier de Chicago. Des Blancs aux casquettes Make America Great Again – slogan de Donald Trump – l’abreuvent d’injures racistes-homophobes, lui passent au cou la corde du lynchage du Ku Klux Klan, le tabassent et l’aspergent d’eau de javel. Ayant reçu une lettre d’analogue injures, Smollett, visage marqué de coups, crie aux « crimes de haine ».