Propos recueillis par Patrice de Méritens
L’erreur gouvernementale a été de croire que les terroristes viendraient de l’extérieur, alors qu’ils étaient et sont toujours à pied d’oeuvre dans les cités. Le criminologue Xavier Raufer explique les voies à suivre pour lutter contre l’islamisme.
Fallait-il s’attendre à cette flambée de violence islamiste qui s’est abattue sur nous ?
Xavier Raufer
Malheureusement, oui. Nous sommes quelques criminologues à avoir averti les autorités dont l’erreur, relayée de manière quasi hystérique par les médias depuis le début de l’année 2014, a été de penser que le péril viendrait de djihadistes partis pour l’Irak et la Syrie, revenant pour mettre la France à feu et à sang. A la suite de ce diagnostic erroné, la décision a été prise de braquer nos jumelles vers la frontière turco-syrienne et vers l’Irak, tandis que des individus qui n’étaient pas des chevaliers de l’islam salafiste, ni des aristocrates wahhabites à la Ben Laden, mais plus prosaïquement des racailles des cités, se préparaient tranquillement à agir. Dans ce type d’affaires, les maîtres mots sont l’analyse puis la décision politique, comme dans un hôpital où les radiologues sont là pour prendre des clichés et où l’on décide ensuite d’un traitement. Or là, le gouvernement n’a pas su apprécier les faits.
Entendons-nous bien : il n’est pas question de critiquer l’excellence du travail des policiers et de nos forces de sécurité, mais d’observer que les directives venues d’en haut n’étaient pas les bonnes. Dès lors que l’on ne se donne pas les moyens de pister des suspects H 24, surveiller par épisode revient à ne pas le faire du tout. Quand un individu a des contacts louches, qu’il multiplie les déplacements, qu’il se procure des armes son attitude est parfaitement repérable, et il ne faut pas le quitter du regard.