À regarder finir l’an 2021, on est frappé par l’incapacité de tous les gouvernements récents de la Ve République (et leurs services) à agir en temps utile, de façon informée et efficace : pandémie, cyber-crime, canicules, péril terroriste, vagues migratoires, « mineurs non-accompagnés », poussées russe ou turque en Afrique, etc. Face à ces périlleuses évolutions, des dirigeants en pleine torpeur conceptuelle encaissent les chocs ; pour ensuite, poussivement recoller les pots cassés – si possible.
Dès 1831, le publiciste Émile de Girardin énonçait « Gouverner, c’est prévoir » – ce qui, 190 ans après, reste en France lettre morte. Certes, en 2008, le « Livre blanc de défense et de sécurité nationale » expose et affirme le nouveau (dans ce cas) concept d »anticipation des périls issus du chaos mondial. Depuis, la Défense a mobilisé ses moyens d’innovation, de prospective, d’orientation stratégique ; le Quai d’Orsay, son centre d’analyse, prévision et stratégie ; le SGDSN et les services spéciaux, des « cellules prospectives » ; un think-tank orienté défense a lancé une recherche « renseignement, anticipation et menaces hybrides ».