Corruption criminelle réelle, ou menace fantôme
Grand) a dit « Là où une armée passe mal, un âne chargé d’or se faufile très bien » : on voit à quel point la corruption est un fléau ancien dans notre monde.
Depuis lors, on a beaucoup dénoncé la corruption – mais clairement, cela ne suffit pas. Car la corruption n’est pas une abstraction et se contenter de la dénoncer de façon purement théorique et juridique comporte un gros risque. On fustige la corruption abstraitement, on la combat dans des traités de droit ; cela tient du rite religieux, comme la dénonciation du diable – et on en reste là.
Ce risque n’est pas abstrait, puisque, s’agissant de l’Union européenne et du très proche problème qu’est le blanchiment d’argent, nous en sommes là. Sur le blanchiment, l’Union européenne et ses pays membres ont produit et produisent une masse de textes, de lois, de décrets, de mesures – au total, une pyramide de papier. Mais sous cet édifice, le blanchiment concret de l’argent criminel se poursuit sans grand mal.
On a peut-être jugulé le blanchiment de l’argent gris, celui de gens honnêtes voulant simplement échapper au fisc, aux taxes, etc. Mais on n’a quasiment pas enrayé le blanchiment opéré par le crime organisé, par les mafias. Ce blanchiment là perdure pour l’essentiel.