• Le libéralisme, sa forte myopie face au crime
Au début du XXe siècle encore, d’éminents penseurs d’inspiration libérale comme Paul Valéry (son culte de l’individu), savent encore définir et penser la nation. Voici la belle définition qu’il en donne : « Une nation est une substance vivante. Ni la race, ni le domaine, ni les croyances, ni les coutumes, ni les intérêts, ni le langagemême, ne suffisent à la définir. Ce ne sont là que des caractères qui ne sont point de nécessité. Mais l’essence d’une nation consiste dans le sentiment d’une commune et indivisible destinée. Par lui, les âmes secrètement accordées sont prêtes à cette alliance instantanée, à cette compréhension mutuelle immédiate, à cette résonance identique de leurs profondeurs qui, dans les heures historiques, font merveilleusement de tout un peuple un seul être ».
Ainsi est proprement définie l’essence de l’État-nation, seul rempart de peuples, sans lui livrés nus aux GAFAM et autres ploutocrates. Or depuis la fin de la guerre froide, un néo-libéralisme effréné vise à abolir cet État-nation qu’il déteste et méprise. Dans la mondialisation déchaînée, tout obstacle à la suprême fluidité – finance, commerce, déplacements – lui est toujours plus odieux. Car, dans ce cadre national, la répression du crime, la proscription de l’illicite, ralentissent, voire bloquent plus péniblement encore, ce flux qui, sans obstacle, assure seul le souverain bien
– enfin, s’il est vu comme prestation de service, du boutiquier à sa clientèle.
On ne peut anéantir le crime ?
Le libéralisme-libertarien peut au moins l’ignorer…