« L’aveuglement grandit avec les lumières. L’homme se meut dans un dédale de clarté. Il ne connaît plus la puissance des ténèbres ».
Ernst Jünger – Journaux de guerre, tome 2 – La Pléiade
1990-2020 : La plus brutale, la plus invasive des mondialisations aura été celle de l’illicite, crime organisé, terrorisme. De la décennie 1990 à nos jours, les flux illégaux ont explosé :
• Humains trafiqués par millions entre divers continents, par des gangs si féroces qu’en Italie, ce sont désormais les forces d’élite de l’antimafia qui les traquent,
• Argent « sale », stupéfiants, armes, contrefaçons dangereuses – trafics tels qu’ils renvoient ceux de jadis aux bricolages d’apprentis. En 1991, ± 1 tonne de cocaïne est saisie pour toute la France ; en 2021, ± 10 tonnes, au seul port du Havre ; d’où, 60 à 70 t. de cocaïne échappant aux saisies arrivent aux caïds métropolitains du narcotrafic.
Ces trafics et crimes dépassent tous le cadre continental ; Los Urabeños, guérilla criminelle de Colombie, est lié aux bandits de 28 pays, de la Scandinavie à l’Australie : on le voit, l’expansion criminelle des années 1990-2022 est incompréhensible hors du cadre géopolitique.
Anticiper, déceler les pratiques criminelles
– terrorisme compris – impose ce cadre géopolitique ; partout et toujours, le crime organisé vit en symbiose avec la société licite ; emprunte ou parasite ses routes, ses flux de biens et services. Routes et flux résultant, eux, des rapports de puissance entre pays, économies, cultures et continents ; à l’échelle mondiale, tout cela est purement géopolitique.