INFORMER, c’est offrir au public un cadre de compréhension, et lui ouvrir des perspectives. Or, s’agissant des stupéfiants, les français sont mal informés. Manque de compétence ? Consignes d’en haut pour noyer le poisson ? Toujours est-il que ce qui émane de ces médias ne permet pas de comprendre – moins encore, d’envisager les conséquences de la situation.
Exemple : « 110 tonnes de cocaïne saisies en 2022 au port d’Anvers (Belgique) ». Ça veut dire quoi, précisément ? Votre enfant a 39 de fièvre, après 37° la veille : inquiétude ; si en revanche c’est 39° après 40° la veille, ouf ! Retour à la cocaïne. « 110 tonnes saisies » signifie-t-il qu’à livraisons égales depuis le cône nord de l’Amérique latine, les douaniers d’Anvers ont mieux travaillé – ou qu’au contraire, ils piétinent à saisir 10 ou 12% d’une inondation toujours pire – et inquiétante – de coke ? Là encore, les données non-explicitées n’ont aucun sens. Et ce n’est pas le sempiternel reportage sur les docks, les conteneurs et les grues, sur fond de cris de mouettes, qui aide à comprendre.
Voilà maintenant l’analyse vraie, connue dans sa cruelle réalité par tous les chefs des douanes et de la police, du sud de l’Espagne au nord de l’Allemagne – de leurs ministres aussi, bien sûr – et telle que les médias d’information l’omettent.
En 2022, 162 tonnes (cent soixante-deux mille kilos) de cocaïne quasi-pure ont été saisis dans deux ports européens : Anvers (110t.) et Rotterdam (Pays-Bas, 52t.). Les douaniers locaux disent saisir « de 10 à 20% » de cette drogue déferlant sur l’Europe. Accordons-leur 20% de saisies par prudence : ainsi, 1 200 tonnes de cette drogue passent entre les mailles du filet et arrivent à bon port chez les caïds du narcotrafic européen.
Ajoutons les autres ports d’entrée de la cocaïne en Europe …