SUR abonnement, la revue de défense « VPK » (Courrier militaro-industriel) est accessible à qui parle russe. Dès 2013, le général Valery Gherassimov (Actuel chef de l’état-major des armées de Russie) y écrivait ceci, sur l’usage de plateformes automatisées d’équipements militaires et de recherche [« Robots », équivalent terrestre des drones] : « Dans un avenir proche, il se peut qu’une unité entièrement robotisée puisse mener des opérations militaires indépendantes ». Or le 21 mars 2024, des robots de combat russes « Kourier », équipés de lance-grenades AGS-17/30 « Plamya », anéantissent des nids de mitrailleuses ukrainiens sur la ligne de front, à l’ouest d’Ardievka, prélude à la conquête du village de Berdichi.
La première attaque autonome de robots d’assaut de l’histoire militaire mondiale.
Or cette nouvelle majeure est tue, voire niée, par ceux dont la mission est de nous gouverner ou de nous informer. Le savaient-ils ? Ont-ils, ces hauts personnages, choisi de se taire ou joué à « Je ne veux pas le savoir » ? Ni l’un ni l’autre sans doute ; plus sûrement, ont-ils été victimes d’un mal – l’aveuglement – qui gagne, à mesure où s’impose, écrasant tout au passage, la « société de l’information » chère aux Gafam.
L’avenir nous dira la gravité de cet aveuglement, s’agissant du destin de la guerre Russie-Ukraine. Mais d’ores et déjà, nous savons ce qu’a a engendré de dramatique un autre aveuglement, portant sur les prémices de l’attaque des bandes armées du Hamas, le 7 octobre passé à Gaza. La tragique chronologie ci-après vient des meilleures sources, surtout israéliennes et toutes vérifiées. Nous l’avons divisée en deux : de 2020 à l’été 2023 ; puis, les semaines précédant l’attaque.
Ainsi, tout ou presque était clair ; était su ; mais la réaction salutaire n’est pas venue ; en tout cas, pas à temps pour arrêter le massacre. Pourtant ! Voici plus de trente ans, à Washington, le général israélien Shlomo Gazit enseignait que, depuis l’antiquité, tous les désastres militaires s’expliquaient par ces seuls deux mots : « Trop tard ».
Deux mots dont l’antidote est « en temps utile ». Ce qui l’interdit n’est ni l’absence d’une armée solide, d’alliés fiables ou d’un renseignement pointu. Ce qui bloque l’en-temps-utile est l’aveuglement. Lire ce qui suit suffit pour s’en convaincre.