D’abord, savoir de quoi on parle, car les médias mettent le mot à toutes les sauces, « mafia des sardines » incluse. Or le rare phénomène mafieux n’a rien à voir avec l’universel crime organisé. Selon la classique définition d’un juge italien, on a, en Sicile une « Société secrète dépourvue de statuts et de listes d’appartenance, disciplinée par des règles transmises oralement. Au sein de Cosa nostra, seule la parole d’honneur engage à vie ». Tout est dit en vingt mots.
Retour à l’arrestation, le 16 janvier passé, de Matteo Messina Denaro, parrain de la famille et du « mandamento » [Sur ce mot, voir plus bas] de Castelvetrano (province de Trapani), loin du statut de chef absolu de la « coupole », comme le furent Salvatore « Toto » Riina, puis Bernardo « Binnu » Provenzano. Lors des captures de ces parrains, le pouvoir italien du moment récite un conte de fée selon lequel, après une enquête aussi longue que délicate, le mafieux est coincé dans une bergerie proche de Corleone ou devant une clinique de Palerme. À chaque fois, l’intéressé décline aimablement son identité et suit sans broncher les policiers venus l’arrêter.
Réfléchissons : comment se peut-il que Riina ait vécu clandestin 23 ans près de chez lui (idem pour les autres), Provenzano, 43 ans et Messina Denaro, 30 ans ? Bien plutôt, c’est dormir dans son lit qu’il faudrait dire : Provenzano, tueur implacable de Cosa Nostra « disparaît » en mai 1963. Son épouse Saveria Palazzolo tient la blanchisserie de Corleone…