VOILÀ bientôt cent-quarante ans, dans ses « Souvenirs d’un préfet de police », Louis Andrieux (Père de l’écrivain et poète Louis Aragon) parlait, amusé, du recrutement d’indicateurs dans les « classes dangereuses » ; soulignant qu' »il n’en coûte pas bien cher de faire surveiller les anarchistes, les collectivistes et tous les apôtres de la révolution sociale ». Du fait, d’abord, de leur constante confusion entre politique et crime : vols, braquages – ceux des anars de la « Bande à Bonnot » (1911-1912) sont célèbres – le tout épicé de toxicomanie et de proxénétisme. Dans ce cloaque bien sûr, la pêche aux « indics » est pour la police un jeu d’enfant.
Trente-cinq ans plus tard (juin 1920) Lénine carbonise cette même ultragauche dans « La maladie infantile du communisme, le gauchisme » ; motif majeur du rejet de Lénine, une immense méfiance du mélange criminalité-terrorisme groupusculaire, livrant ces excités inexpérimentés à toutes les infiltrations ou provocations.
Or cent-quatre ans après encore, en France même, la preuve éclate que, côté Black Blocs-Antifaultragauche, rien n’a changé. Naguère, un haut cadre de la préfecture de police de Paris (toujours elle…) s’amusait d’un milieu anar-antifa-black blocks infiltré jusqu’aux moelles. Sa science radiographique lui permettant, sur ordre du sommet, d’en mettre la plupart à l’ombre, vu la myriade de leurs méfaits ; aussi, du rythme auquel, en leur sein, une foule d’indics « balançaient » leurs camarades ; bien loin de la « solidarité prolétarienne ».
Et voilà qu’en un superbe « invariant » de quatorze décennies, la corruption de cette mixture banditisme- action directe éclate au grand jour. Le 14 mai, sont arrêtés à Toulouse cinq militants (les cinq seuls, sans doute) d’une ‘ »Offensive révolutionnaire antifasciste » multipliant depuis un an, à cinq contre un, le lynchage de « fachos » fantasmés ; avec poings américains et bombes lacrymo ; puis postant leur dizaine d' »exploits » filmés sur des comptes « ORA-Toulouse » et « Antifa-Squads ».