Guet-apens sur des policiers, tirs à la kalachnikov, attaques au couteau quotidiennes, la situation sécuritaire en France va de mal en pis. Comment en arrive-t-on là ? Les chiffres du gouvernement Macron sont-ils fiables ?
– Une récente série d’attaques au couteau en France : Gare du Nord, à Strasbourg,
même devant un lycée à Thiais. Globalement où en est la criminalité en France ?
XR – C’est simple, la France est divisée en deux parties. Dans la plus grande partie, la vie se passe encore normalement : les faits de délinquance et de criminalité n’ont pas passé le seuil de l’insupportable. Dans une partie plus réduite, la situation est maintenant hors de contrôle.
Cette partie comprend la périphérie des métropoles, de plus en plus de villes moyennes et même des villages. Des secteurs existent où la police pénètre uniquement lors d’opérations coup de poing : elle vient en grand nombre, procède à quelques arrestations et repart immédiatement.
Chacune de ces opérations déclenche des émeutes.
Dans ces territoires, ces « zones hors contrôle », la criminalité est d’abord le trafic de stupéfiants. 24 h/24, on y achète du cannabis, de la cocaïne des drogues de synthèse. Plus, des marchés aux voleurs : dans des caves, on revend en douce des biens volés dans des poidslourds.
Aussi, la prostitution de mineures, souvent des fugueuses happées par les bandes de ces quartiers et contraintes à se prostituer. Sur quelques kilomètres alentours, rayonnent des braquages de bas niveau – l’épicerie ou la pharmacie du coin – et des cambriolages.
Si le sort de ces zones hors contrôle était réglé, c’est à dire, si la loi régnait dans ces zones comme ailleurs en France, au moins la moitié des infractions connues de la Justice disparaîtrait sur le champ. Sous les gouvernements de la Vème République, surtout sous les présidences de François Hollande et d’Emmanuel Macron, pas grand-chose n’a été fait pour régler ce problème.
– Ça fait plus de 20 ans que l’on parle comme vous de lieux hors-contrôle ou de « territoires perdus de la République ». Pourquoi rien ne change ?
– La criminalité qu’on voit depuis 40 ans en France n’est donc pas liée à la pauvreté ?
– À quoi cette criminalité est-elle due dans ce cas ? À l’immigration ?
– Justement, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, clame qu’il fait baisser la criminalité et brandit des statistiques – sont-elles fiables ?
– Ce que vous dites est grave. Trafiquer des chiffres, est-ce digne d’un État ?
– A vous entendre, il semble que la démocratie française est en danger, qu’elle pourrait basculer à cause du volet sécuritaire…
– Comme Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, qui reste ministre quand il est mis en examen pour prise illégale d’intérêts ?
– Ultime question : le taux de criminalité est bien moindre au Canada qu’aux États- Unis ou même qu’en France. Comment expliquer cette différence ?