De loin, les États-Unis impressionnent : pays continent surarmé et sur-informatisé, forteresse de l’hémisphère occidental ; de près, on réalise que l’appareil fédéral d’État est à l’inverse genre bricolé-vieillot. Notamment, le système de recueil des données criminelles de terrain, assemblées et publiées chaque année par la police fédérale (FBI) en une synthèse statistique nommée Uniform Crime Report. Un UCR qui compile et agrège (à la louche) 19 000 sources locales (commissariats… polices urbaines, d’États, etc.), sur la base du volontariat.
Est-il exhaustif ? Non : certains États (dont les ex-Confédérés du Sud) sont peu connectés à l’UCRFBI. Exemple, le Mississippi, où seulement ± 20% de sources potentielles de statistiques criminelles sont raccordées. Pour les experts du ministère US de la Justice (dont dépend le FBI), une vision complète et à jour du crime dans ce pays de 320 millions d’habitants exigerait plutôt 25 000 sources de base que 19 000. Mais bon : faute de mieux, Washington fait avec ce qu’il a.
Et ce dont l’informe pour le 1e semestre 2021 son système délabré et vieillot est fort inquiétant : la fièvre de 2020, excitation de la campagne présidentielle, plus explosion Black Lives Matter plus hystérie anarchiste-Antifa, ne retombe pas. La crise criminelle s’aggrave même, contraignant la Maison Blanche à l’exercice le plus difficile qui soit, qu’on s’y essaie dans de calme de sa salle de bain ou face à une populace déchainée et armée : faire rentrer le dentifrice dans le tube.