OUTRE-TERRE Revue européenne de géopolitique
Paris-Sorbonne • prof. Michel Korinman • octobre 2015
SANS conflits majeurs mais proche du chaos et toujours entre deux violences, notre monde actuel est dès 1938 pré-vu par Carl Schmitt – avec quelle impressionnante prescience. Voici ce dont le juriste voyait à terme l’inévitable avènement : « une guerre globale largement asymétrique, soustraite à tout contrôle et toute limitation juridique, dans laquelle une grande puissance néo-impériale ne se déploie pas tant, ni seulement, contre des Etats particuliers, que contre des organisations de « partisans globaux » (Kosmospartisanen) qui opèrent à l’échelle mondiale en usant des moyens et en poursuivant les objectifs de la guerre civile »1.
D’emblée, l’auteur souligne que toutes les informations figurant dans cette étude sont vérifiées, vérifiables et disponibles. L’originalité de l’exercice tient aux étonnements et questionnements qu’on trouve ici – mais quasiment nulle part ailleurs, médias et politiciens étant hypnotisés par les égorgements et autres actes iconoclastes, au point d’oublier tout le reste.
A l’œuvre aujourd’hui – dans quel fracas médiatique – l’entité de « partisans globaux », au choix nommée « Etat islamique » (ci-après E. I.), « Etat islamique en Irak et au Levant », ISIS, ISIL « Daech » ou « les Takfiri ». Cette étude vise à montrer que, si nous subissons au quotidien les récits des horreurs perpétrées par cette entité ; si l’on nous menace de l’irruption en Europe de milliers de ses sanguinaires moujahidine et qu’on nous gave de chiffres effarants sur son arsenal et la taille de ses « armées » – nul n’aborde jamais l’essentiel : qu’est-ce que « l’Etat islamique » ? Quelle est sa nature ? Son essence ?