Fondamental : du tricheur occasionnel au totalitaire-dur, tout pouvoir cachottier est sujet au même dilemme : il adore mentir aux autres, magnifier de fictifs succès, planquer de vrais désastres ; mais ne peut se mentir à lui-même car l’absence de tableau de bord réaliste lui interdit de piloter son domaine d’activité.
Que le ministère de l’Intérieur triche tant et plus, nous l’avons établi de longue date ; que ses données mensuelles InterStats visent plus à noyer le poisson qu’à informer le citoyen, est clair. Mais où sont ses instruments de travail ? Ci-dessus, en voici les premières lignes. Quand nous disions tableau interminable : 13 057 lignes sur 11 colonnes : 143 627 cellules contenant chacune une donnée (« victime ») ou un chiffre (« 16 »), pour 2016, année où débute la série statistique. La ligne 2 de ce tableau se lit ainsi : index homicides (col. A), en 2016, dans l’Ain, on compte 5 homicides pour une population de 638 425 habitants (colonne I), ainsi de suite.
Or, par rapport à l’antérieur, ce tableau évolutif révèle une inquiétante régression. De fait : conçu au début de la décennie 1970, l’antédiluvien « État 4001 » comptait 107 index, les six premiers consacrés à divers types d’homicides. Les voici :