Fin janvier, le procureur de Marseille a annoncé le démantèlement d’un réseau international de vente et de fabrication d’armes à l’aide d’imprimantes 3D. Ce phénomène d’ubérisation du trafic d’armes est-il nouveau ?
1 – Fin janvier, le procureur de Marseille a annoncé le démantèlement d’un réseau international de vente et de fabrication d’armes à l’aide d’imprimantes 3D. Ce phénomène d’ubérisation du trafic d’armes est-il nouveau ?
Il n’est triplement pas nouveau : ce phénomène existe depuis déjà au moins cinq ans ailleurs, d’abord aux États-Unis, où il est largement médiatisé. Or dans la société de l’information immédiate, ce qui émerge, disons, en Californie un jour, circule vite autour de la planète. France incluse, car nous ne vivons pas sous cloche.
Ensuite, les criminologues enseignent « l’effet de déplacement » qui régit toute l’activité du monde criminel. Les malfaiteurs ne s’opposent jamais de front à l’État : la police commence à confisquer les Kalachnikov ? Ils cherchent des armes ailleurs ou autrement. Troisième certitude : les criminels sont de purs parasites de la société. Et séculairement, de nouvelles technologies permettent toujours d’ingénieuses applications illicites – imprimantes 3D incluses.
Quand je vous dis que ça n’est pas récent : vers 1860, voici plus de 160 ans donc, dans le tome IV du Capital, Karl Marx dépeint drôlement l’influence bénéfique de la serrurerie sur l’évolution du « métier » de cambrioleur.
2 – Vous dénoncez la lenteur de la Justice au sujet de la sécurité publique. Pensez-vous que
cette ubérisation va entraîner une augmentation de la violence ?
Lenteur de la justice, non. Celle-ci doit bien sûr éviter l’expéditif car elle juge des êtres humains forcément complexes, donc doit prendre son temps. Je parle de la lenteur des instances de répression en général à détecter qu’un type nouveau de criminalité (ou d’arme) émerge, puis à commencer à le cibler ; on y revient plus bas. De plus, la violence du monde de l’illicite dépend peu de la sophistication des armes disponibles, mais tient à sa logique propre.