Depuis la nuit du nouvel-an, « Pas un jour sans fusillade ou nouvelle victime des trafics de drogue », sanglote la presse locale. En jeu, le contrôle d’une zone hors contrôle et supermarché des stupéfiants à ciel ouvert (« four ») : La Paternelle (14e) – « La Pater », en jargon local.
Les morts et blessés graves s’entassent – d’autant qu’un jeu clanique d’alliance-haines entre gangs de cités jette dans la danse les pires de Marseille 15e : Cabucelle-Cité des Tourmarines, Consolat, Bassens, Parc Kallisté, les Arnavaux … De là, par friction diraient les physiciens, jusqu’aux Micocouliers (« Les Micou », 14e), la Belle-de-Mai et Félix-Pyat (3e).
Était-ce prévisible ? Oui : voici 25 siècles, Thucydide, signale déjà cette contagion guerrière (« De cité en cité, la guerre civile étendait ses ravages… », La Guerre du Péloponnèse). Mais la culture classique manque peut-être aux préfets de police. Guerre si féroce à La Pater’ que ses « champs de bataille » deviennent localement aussi célèbres que ceux de 14-18 (« Chemin des Dames ») : Plan du Bas « La Fontaine », Plan du haut, « Vieux-Moulin » et « Le Maga ».
Pour les habitants du lieu, c’est l’horreur : sol jonché de douilles de fusils d’assaut… fusillades de nuit, fenêtres explosées par les balles et voitures criblées d’impacts – voire, jets de grenades. Au sol, des cadavres « connus de la police ». Aux « Micou », « Les habitants ont peur des balles… Ils n’osent plus sortir de chez eux »… À La Belle-de-Mai, des médiateurs conduisent les gens « aux courses, en visite médicale, acheter le pain… Ils ont peur des balles, il y a du sang partout, c’est triste… »(témoignage).
Pourquoi tant de violence gémissent les médias, quand la cité X ou Y était « en cours de rénovation par son bailleur social » ? Simplement, parce que le problème n’est pas là.