Expertise collective, complexe appareil de renseignement : un grand État peut-il se tromper de guerre ? Ô combien. Exemple énorme, la « guerre à la drogue » lancée en juin 1971 par Richard Nixon, qui crée en 1973 la DEA Drug Enforcement Administration, outil fédéral spécifique. Or cette « guerre » ne cible que le plus visible : le cannabis (des hippies) et l’héroïne (drogue des Noirs et des vétérans-toxicomanes rentrés du Vietnam). La cocaïne ? La Maison blanche et de DEA la négligent, quoique Pablo Escobar & co. lancent alors sur l’Amérique du Nord un tsunami de « chlorhydrate de cocaïne » (nom savant de la drogue) puis de crack (proto-cocaïne à fumer).
Washington corrige la colossale bévue en 1984 : à Miami, un jury fédéral inculpe Pablo Escobar et les chefs d’un cartel de Medellin actif mais impuni depuis dix ans. Trop tard : les États-Unis absorbent alors 400 tonnes de « coke » par an, les guerres de gangs (pour contrôler le gâteau) font 15 morts par jour (surtout, Noirs) et les cartels ont créé dans toute l’Amérique du Nord un maillage de distribution des drogues, toujours actif en 2021.
50 ans plus tard, l’Union européenne et la France font-t-elles la même bourde ? C’est hélas possible car le gouvernement français cible par électoralisme ces petits dealers de cités dont le négoce reste le cannabis. M. Darmanin et ses troupes multiplient ces futiles opérations coup-de poing où l’on saisit quelques kilos d’un haschisch fumé, en France, à raison d’une tonne par jour ; et capture des sous-fifres libérés à l’instant par la justice de M. Dupond Moretti. Ce, quand sévit un colosse criminel, toujours plus riche et puissant. Démonstration.