La radicalisation de Mickaël Harpon résulte d’évidence d’un phénomène psychique. Toute conversion ou crise religieuse advient toujours dans l’esprit de l’individu en cause. Harpon at- il subi un tragique épisode délirant-mystique – ce que le préfet de police dit à présent ? A-t-il sinon été longuement manipulé et « chauffé » par des fanatiques, devenant leur instrument et agissant, durablement peut-être, à leurs ordres ; hypothèse autrement redoutable ?
Impossible bien sûr d’interroger l’intéressé, abattu lors du drame. Restent ceux qui, durablement, ont accédé à l’esprit de Mickaël Harpon ; ont jaugé son intelligence, éprouvé sa sensibilité, ses réflexes : ses enseignants, ses formateurs, ayant vécu des années à son contact, l’ayant instruit, ayant eu avec lui mille conversations. Ce d’autant plus que, devenu sourd suite à une méningite, Harpon était très entouré par ces gens admirables, formés à la psychologie spéciale des infirmes. Surtout, à l’âge de la puberté ou tout change dans l’homme, où abondent ces interrogations qu’on tait à sa famille et dont on s’ouvre au prof’, avec lequel on s’entend bien ; auquel on se confie.