La myope « société de l’information » se vante d’accéder au savoir suprême par l' »intelligence artificielle », mais dans les faits, réagit plutôt comme ces requins qui perçoivent juste ce qui s’agite et saigne. Ainsi, les médias voient-ils Washington comme le lieu d’une simple bagarre de chiffonniers entre Donald Trump et la nomenklatura locale, quand, dans le silence de l’Amérique profonde, le contrôle du pouvoir réel connaît d’inquiétantes péripéties.
Voici ce qui perturbe désormais les experts de Washington : à l’anomie et au narcissisme de la population, répond la militarisation, la prussianisation du sommet, au classique sens du terme : le Pentagone (ministère de la Défense) contrôle en fait la politique étrangère du pays, naguère dirigée par le State Department, ministère oblitéré par le président Trump. Un Pentagone qui, en outre – toujours en silence et dans l’ombre – mute désormais en tout autre chose qu’un simple « complexe militaro-industriel » :
– la « guerre des drones » menée sous les présidents Obama et Trump,
– la fusion avec les industries de défense (Boeing, General Atomics, Lockheed Martin, Northrop Grumman, etc.) et du savoir (son armée de « consultants »),
– l’addition au tout de la proliférante communauté du renseignement,
font désormais du Pentagone un immense « complexe de la guerre perpétuelle ».