L'apparence du KAG : un groupe révolutionnaire
légal, voué aux actions charitables
Le KAG est en apparence un groupe gauchiste classique et se comporte
effectivement comme tel : ses ± 15 à 20 militants, selon
les années, diffusent tracts, brochures, bulletins; organisent des
réunions publiques et des camps de vacances pour les adhérents
et sympathisants. Internationaliste par vocation, le KAG entretient en
outre des contacts suivis avec le Front Polisario, des mouvements activistes
noirs d'Afrique du Sud et de Namibie; des groupes marxistes-léninistes
du Salvador et des Philippines; et, bien sûr, avec le FPLP. Gotfred
Appel cache si peu son admiration pour le Front qu'il publie dans son journal,
au début des années 70 un éditorial intitulé
"Pourquoi nous soutenons le FPLP". Le KAG anime enfin deux cercles étudiants
très actifs, l'un suivant les affaires du Proche-Orient et l'autre
s'intéressant à la "crise en URSS". En 1973, le KAK, ainsi
qu'il se nommait à l'époque, a entrepris de donner une dimension
humanitaire à son action : il crée, sur le modèle
des communautés d'Emmaüs de l'Abbé Pierre, "Des vêtements
pour l'Afrique" (Töj til Afrika, TTA) qui collecte auprès de
la population des habits inutilisés au profit des camps (de réfugiés
ou de guérilleros) contrôlés par le MPLA (Angola),
le Frelimo (Mozambique), la ZANU (Zimbabwe) et le Front populaire pour
la libération d'Oman. En 5 ans d'existence, TTA récolte ainsi
une centaine de tonnes de vêtements.
Mais sous ces apparences banales se dissimule un appareil réduit,
rompu à la clandestinité et capable de missions très
variées. Ceux qui ont quitté le groupe et accepté
de parler de leur expérience, disent que depuis les premières
actions illégales, le KAG est conscient d'être surveillé
par la police et sur écoutes téléphoniques. Les militants
du noyau central -une dizaine- sont des révolutionnaires professionnels
au sens léniniste : discipline rigide, entraînement sportif
et militaire, serment de respecter le secret. Les opérations sont
effectuées par des cellules de trois ou quatre personnes, dans laquelle
chacun n'est informé que du strict nécessaire et n'est connu
des autres que par un nom de code. Les discussions sérieuses se
tiennent dans la nature; les documents sont détruits après
usage. Quiconque abandonne ce noyau central doit restituer tous les documents
en sa possession. Et quand, par exemple, le groupe attaque un arsenal de
l'armée suédoise pour le piller, à Flen, en novembre
1982, il s'est précédemment livré à un travail
d'environnement très complet : cartes, photos, surveillance prolongée
des lieux. Sur place, une équipe écoute les fréquences
radio de la police; une autre garde les abords avec des fusils à
pompe et des grenades. Ce professionnalisme, le KAG l'a forgé au
contact - et au service- du département international du FPLP.
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