Activité en Europe
Depuis son origine, le PKK vise deux objectifs stratégiques
d'égale importance: enraciner la lutte armée au Kurdistan
turc, et s'implanter en Europe occidentale. Objectif final du second volet
stratégique : y prendre le contrôle de l'importante communauté
d'émigrés et de réfugiés kurdes de Turquie.
Es sont en effet plus de 400 000 en Europe, dont une moitié au moins
en RFA. C'est d'ailleurs dans ce pays que le PKK a implanté son
état-major politique. Selon le ministre allemand de l'intérieur,
le PKK disposait en 1987 d'un millier de militants actifs en RFA et de
structures d'encadrement: ERNK, syndicat des travailleurs patriotes kurdes,
associations de jeunes, de femmes etc. Il disposait de bureaux à
Mayence, Offenbourg, Russelheim, Olderburg, Dortmund etc..(1)
Au nord de notre continent, le PKK est présent en France (où
il y aurait ± 60 000 Kurdes), en Suède(±10000)(2),
en Hollande, en Belgique(3), au Danemark en Grande-Bretagne
et en Suisse. Au sud, le PKK est présent en Italie; hostilité
à la Turquie oblige, il est toléré en Grèce(4)
et dans la partie Hellénique de Chypre.
En 1984, la reprise en force de la lutte armée au Kurdistan
turc a été accompagnée d'une importante offensive
du PKK en Europe. Du 1983 avait été créé en
France une "Association des Ouvriers Patriotes du Kurdistan" très
proche du PKK, implantée notamment à Strasbourg. Mais, comme
tous les mouvement marxistes-léninistes, ce parti est déchiré
par des querelles idéologiques souvent fratricides, surtout dans
l'émigration. La direction du PKK s'est donc lancée, en 84,
dans une entreprise de reprise en main à base d'intimidation et
d'élimination physique des "collabos" de la Turquie et de ses propres
transfuges. Dès 1984, de ce fait, 18 militants PKK ont été
expulses d'une Suède pourtant fort généreuse en matière
d'asile politique. Assassinats, incendie de locaux ont fait, entre la Suède,
la Suisse, la RFA, le Danemark... et la France, une vingtaine de morts
entre 1985 et 87.
A Paris, Mustafa Aktas, militant du "Front de Libération Nationale
du Kurdistan", une superstructure du PKK, est assassiné en décembre
1985 par des "agents de l'Etat Turc" selon ses amis. En réalité
par les pistoleros d'un groupe rival. En juin 1987, c'est au tour du président
de l'"Association des Travailleurs du Kurdistan", rivale du PKK, Hussein
Akagündüz d'être abattu. Les deux meurtres se produisent
au carrefour Strasbourg-Saint Denis, coeur du "Quartier Turc" du Sentier.
En octobre 1988, toujours à Paris, les militants du PKK ont interrompu,
en envahissant la scène, le concert d'un chanteur Turc -Kurde d'origine-
fort connu dans son pays, et l'ont contraint a se prononcer en faveur du
PKK.
En février 1990, plus de cent cinquante militants du PKK se
sont heurtés aux forces de l'ordre, à Paris, devant le Grand
Palais, au moment où le président Mitterrand inaugure l'exposition
"Soliman le magnifique" en compagnie de son homologue Turc, Turgut Ozal.
Depuis, le PKK manifeste à peu près tous les mois à
Paris.
Ouvrage recommandé sur le PKK :
"The Kurds in Turkey", Michaël Gunter,
Westview special studies on the Middle-East
Boulder, Colorado, 1990.
(1) Presque partout en Europe, le PKK se dissimule
derrière un fort transparent "Comité du Kurdistan". Ses bureaux
sont implantés à Bruxelles, Belgique; Bâle, Suisse;
Londres, Grande-Bretagne; Cologne, Allemagne; Vienne, Autriche; Copenhague,
Danemark; Athènes, Grèce; La Haye, Pays-Bas; Madrid, Espagne;
Nicosie, Chypre
(2) Les autorités suédoises, pourtant
tolérantes à l'extrème envers tout ce qui provient
peu ou prou du tiers monde et se proclame "Mouvement de Libération",
a qualifié dès 1984 le PKK de "groupe terroriste" et interdit
A. Ocalan de séjour
(3) En Belgique, le PKK est en contact avec un petit
mouvement d'extrème-gauche, le Parti du Travail de Belgique et implanté
chez les mineurs kurdes du Limbourg, ainsi qu'à Verviers, Liège
et Bruxelles. Cette dernière ville est l'un des terminus de l'axe
Cologne-Bruxelles, une ligne de chemin de fer très fréquentée
par l'immigration turco-kurde en Europe.
(4) A Athènes, en juin 1990, un des dirigeants
de l'ERNK, "Hamit" de son nom de guerre, prenant la parole devant la "conférence
des partis socialistes d'Europe et de la Méditerranée" a
"remercié la Grèce pour son aide" et demandé un accroissement
de la subvention annuelle de 10 millions de dollars que ce pays lui accorde.
A la tribune, un membre du comité central du Pasok, Mihailis Kharalambidis.
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