Les nouvelles "terres
inconnues"
Cette menace -qui ne se circonscrit pas à quelques vallées
perdues des Andes ou de l'Himalaya- trouve sa source dans un processus
en cours dans une grande partie du Tiers monde : la décomposition
de l’Etat-nation à l'occidentale. Un livre français récent(1)
fait de ce phénomène une description saisissante. Aujourd'hui,
dit son auteur, les terrae incognitae des atlas des siècles passés,
explorées entre la fin du XIV et le début du XV siècle
-Soudan, Ethiopie, Andes, Sahara, régions péri-himalayennes,
Asie centrale-, s'écartent du monde moderne, actif, et redeviennent
opaques, voire inaccessibles. Résultat : alors que les médias
(les années soixante célébraient l'avènement
d'un monde fini, on constate depuis quelques années un retour de
facto des taches blanches des vieilles cartes de géographie.
Dans ces régions, depuis la fin des années quatre-vingts,
c’est le "modèle", de la guerre civile libanaise prolongée
qui s'impose : absence (le tout contrôle international reconnu, fermeture,
décomposition anarchique, contrôle par des guérillas
- désormais férocement xénophobes et, enfin, terrorisme(2).
Ces régions fermées disposent de bases avancées dans
les bidonvilles des mégalopoles (lu tiers monde - Lima, Callao,
Bogota en ,~mérique latine, Karachi en Asie où aucune force
de maintien de l'ordre qui pénètre plus depuis longtemps.
Dans ces zones chaotiques rurales ou urbaines, les nouveaux maîtres
pratiquent localement une économie prédatrice -racket, enlèvements,
attaques (le convois, pillage des ports et aéroports - et "exportent"
la drogue et le terrorisme.
(1) Jean-Christophe Rufin, "L’Empire et les nouveaux barbares", Paris,
Jean-Claude Lattès, 1991.
(2) Plus la drogue : malgré les «campagnes d'éradication»
publicitaires de l'armée sy-rienne, il y a encore 12 000 ha plantés
en cannabis au Liban, et 1800 ha en pavot.
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